Depuis l’élection de François Hollande, nous étions préoccupés au sujet de la stratégie du gouvernement pour sortir de la crise. Le moins qu’on puisse dire, c’est que le discours de politique générale de Jean-Marc Ayrault ne nous a pas rassurés. Nous avons eu droit à un très long catalogue d’annonces démagogiques assez floues sans qu’aucune ligne stratégique d’ensemble ne se dégage. Qui peut dire aujourd’hui quel est le chemin que Jean-Marc Ayrault a tracé pour la France ? Nous avons eu beaucoup de formules pour rien : on nous a parlé de « redressement dans la justice », de « redressement productif », de « sérieux » sans jamais nous dire comment y parvenir.
Jean-Marc Ayrault s’est inscrit dans la ligne de la campagne de François Hollande :
- Avec l’antisarkozysme, qui était encore une fois omniprésent. La gauche a tous les pouvoirs, elle doit assumer ses responsabilités. L’audit de la Cour des Comptes a définitivement mis fin au mythe de l’ardoise cachée !
- Avec le flou permanent. Combien de fois, Jean-Marc Ayrault, plutôt que de fixer un cap clair, a préféré renvoyer à une « concertation », une « consultation », des « assises », des « Etats généraux » ? Nous avions parfois l’impression d’être plus dans l’annonce d’un agenda de concertations à venir que dans un discours de politique générale. Un Premier ministre doit avoir de l’autorité, et Jean-Marc Ayrault en a manqué.
- Avec l’accumulation de contre-vérités : non monsieur Ayrault, la Cour des Comptes n’a pas condamné la gestion du précédent gouvernement. Elle l’a au contraire validée et a sérieusement enjoint la nouvelle majorité à poursuivre les efforts déjà accomplis. Non Monsieur Ayrault, vous ne nous ferez pas croire que c’est en augmentant les dépenses publiques qu’on peut réduire la dette. Non, Monsieur Ayrault, vous ne nous ferez pas croire que seuls les riches payeront vos augmentations d’impôts.
- Avec une absence criante de courage : face à la dette, le Gouvernent Ayrault annonce avant tout des hausses d’impôts plutôt que des baisses de dépenses. Aucune réforme de structure, aucune mesure d’économies, ne sont véritablement envisagées.
L’ambiguïté ne peut pas tenir lieu de politique générale.
- Le choix d’augmenter les impôts plutôt que de réduire les dépenses. Dans une période où notre économie est si fragile et alors que nous avons déjà le niveau de dépenses publiques le plus élevé d’Europe et un taux de prélèvements obligatoires parmi les plus hauts de toute l’OCDE, augmenter les impôts c’est prendre le risque de casser la croissance et de fragiliser l’emploi.
Et, ne nous laissons pas leurrer, l’annonce à grands cris de la taxation à 75% des très hauts revenus vise à mieux cacher que ce sont les classes moyennes qui vont payer l’essentiel des augmentations d’impôts : taxation des heures supplémentaires, taxation de l’épargne salariale, augmentation des cotisations sociales, baisse du quotient familial, baisse des niches sur l’emploi à domicile…
- Le refus de prendre en compte le défi de compétitivité. L’un des problèmes majeurs qui est devant nous, c’est celui du coût du travail qui est trop élevé, ce qui crée du chômage. Et pourtant Jean-Marc Ayrault veut supprimer la fiscalité anti-délocalisation, supprimer l’exonération des heures supplémentaires, augmenter les cotisations sociales et le Smic : cela se traduira malheureusement par d’inévitables destructions d’emplois et par de nouvelles délocalisations.
- L’absence de volonté de réforme de structure : retour à la retraite à 60 ans, suppression de la réforme territoriale… quel signal envoyons-nous sur notre capacité à nous réformer ?
- La fragilisation de notre pacte Républicain et de nos institutions. Le droit de vote des étrangers déstabilisera la souveraineté populaire, fondée sur le lien entre citoyenneté et droit de vote. L’introduction d’une dose de proportionnelle est contraire à l’esprit de la Vème République, qui consiste à dégager des majorités claires. Nous prenons le risque de revenir aux travers d’une IVème République, rongée par l’instabilité politique chronique.
- Le démantèlement de notre industrie nucléaire, que Jean-Marc Ayrault a confirmé, est aussi à contresens de l’histoire alors que les prix de l’énergie flambent et que les matières premières se raréfient.
- La défiance introduite au cœur du couple franco-allemand est un frein à la nécessaire convergence européenne qui est la meilleure réponse à la crise que nous subissons.
Sur tous ces sujets, les orientations esquissées par Jean-Marc Ayrault sont dangereuses pour la France et les Français. Elles ne peuvent pas permettre à la France de sortir de la crise, au contraire, elles risquent d’en aggraver les maux.
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