A l’occasion du 30ème « anniversaire » du 10 mai 1981, le PS se lance dans une grande opération nostalgie des années Mitterrand ! Et c’est la course à l’héritage parmi les ténors du PS, qui de sa petite phrase, qui de son écharpe rouge ou de son chapeau :
- Ségolène Royal : « J'ai envie de succéder à François Mitterrand [...], j’ai été pendant 7 ans à ses côtés à l'Elysée, puis dans son gouvernement, ainsi qu'au Parlement. Je n'ai jamais oublié ses engagements. Même quand il était impopulaire, je les revendiquai. »
- Martine Aubry veut « placer le PS dans la lignée de François Mitterrand »…
- François Hollande a choisi de tenir son premier meeting à Clichy-la-Garenne. Dans le théâtre ou François Mitterrand avait lui-même tenu réunion... Et François Hollande a surenchéri : « Qu'est- ce que je retiens de François Mitterrand le 10 mai [1981] ? C'est la conquête, c'est la ténacité, c'est la volonté, c'est la capacité de pouvoir traverser des épreuves, franchir des étapes et arriver. Eh bien moi aussi, j'ai fait un long chemin, je ne sais pas si il aura le même dénouement, mais je souhaite que 2012 ait des airs de 1981. »
- Arnaud Montebourg et François Hollande tous deux candidats à la primaire, étaient à Château-Chinon hier. Car c’est là que François Mitterrand avait appris sa victoire...
Face à la « Mitterandmania » et à une gauche si prompte à critiquer tous azimuts l’action de Nicolas Sarkozy, rappelons simplement la vérité des chiffres et comparons bilan contre bilan !
1) François Mitterrand et Nicolas Sarkozy face aux crises économiques : d’un côté, l’amateurisme et l’échec, de l’autre, la responsabilité et l’efficacité.
De l’autre côté on a Nicolas Sarkozy qui a fait face en 4 ans à une succession de crises bien plus graves que celle affrontées par François Mitterrand et qui a pourtant su protéger la France en étant à l’origine de la régulation de l’économie avec le G20 et la gouvernance économique de la zone euro, en menant un grand plan de relance par l’investissement et un soutien aux plus fragiles, en sauvant les banques et l’épargne des Français... Les chiffres sont sans appel : le chômage est moins fort en 2011 qu’en 1986, la part des salaires dans la valeur ajoutée est plus élevée, l’augmentation de la dette mieux maîtrisée dans un contexte plus hostile en 2008 qu’en 1981 !
2) François Mitterrand et Nicolas Sarkozy face aux crises internationales : d’un côté le cynisme et l’aveuglement, de l’autre, la promotion des droits de l’homme et sens de l’histoire.
Quand François Mitterrand s’inquiétait d’une réunification des 2 Allemagnes plus de 40 ans après la guerre, passant à côté du sens de l’histoire et niant l’aspiration profonde des peuples, la France de Nicolas Sarkozy s’est résolument engagée à côtés des peuples arabes, en étant le premier pays au monde à soutenir les revendications des Libyens contre leur dictateur...
Un grand homme d’Etat, c’est celui qui, face aux crises, prend ses responsabilités pour protéger les intérêts vitaux des Français et sauvegarder l’image et le rang de la France. A la lecture des faits, il est indéniable que François Mitterrand a échoué là où Nicolas Sarkozy réussi aujourd’hui.
3) Si les socialistes sont si nostalgiques de l’ère Mitterrand, c’est que tous les éléphants d’aujourd’hui sont des bébés Mitterrand. Il leur est impossible d’avoir un regard lucide sur une politique à laquelle ils ont activement collaboré ! Ni la politique, ni les hommes du PS n’ont changé depuis 1981 :
- Laurent Fabius est premier ministre de François Mitterrand entre 1984 et 198
- Henri Emmanuelli est de 1981 à 1986, Secrétaire d'État chargé des DOM TOM (1981 à 1983) puis Secrétaire d'État au Budget (1983 à 1986).
- Dominique Strauss-Kahn est élu président de la Commission des finances, puis nommé ministre de l'Industrie et du Commerce extérieur dans les gouvernements d’Edith Cresson et de Pierre Bérégovoy.
- Martine Aubry est entre 1982 et 1984 conseillère au cabinet de Bérégovoy alors ministre des affaires sociales. Puis entre 1991 et 1993, elle deviendra ministre du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle au gouvernement d’Edith Cresson.
- François Hollande est nommé chargé de mission à l’Elysée sur les questions d’économie en 1981. En 1983, il devient directeur de cabinet de Max Gallo puis de Roland Dumas.
- Ségolène Royal est conseillère à l’Elysée de 1982 à 1988 et nommée ministre de l’Environnement dans le gouvernement de Bérégovoy en 1992.
4) Quelques socialistes dressent quand même un bilan catastrophique des septennats de Mitterrand. Au cœur de la « mitterrandmania » ambiante, certains n’ont pas perdu leur lucidité :
- A la question de l’Express du 4 mai « quel bilan faites vous des 2 septennats de François Mitterrand ? » Laurent Fabius, premier ministre de Mitterrand, ne trouve rien d’autre à dire que : « rendre normale l’alternance droite gauche »... c’est un peu court pour 14 ans de pouvoir !
- Pierre Moscovici sur son blog le 11 janvier 2011 : « Cette longue période de 14 ans n’a pas débouché sur une transformation sociale progressiste et profonde et s’est achevée par une déroute historique de la gauche » « elle laisse l’image de variations voire de déceptions idéologiques, le sentiment que la gauche n’a pas su de bout en bout rester fidèle à ses valeurs, s’étant plutôt accommodée du chômage de masse »
- Vincent Peillon, dans Marianne du 6 mai 2011, critique « le double discours : d’abord un radicalisme marxisant dans l’opposition pour l’emporter, puis un pragmatisme sans conviction ni ligne de force une fois dans l’exercice des responsabilités. »
- Et Michel Rocard de conclure « Mitterrand n’était pas un honnête homme » !
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